Si jusqu’au début des années soixante la vie à Escaro tournait essentiellement autour du travail dans les mines de fer, de nombreuses photos de famille attestent qu’elle elle fut aussi entrecoupée de moments plus insouciants.
Début d’été 1944. La Seconde guerre mondiale et l’occupation touchent enfin à leur fin. Le débarquement en Normandie préfigure une vaste offensive alliée du côté de la Méditerranée. Perpignan n’est pas encore libéré du joug allemand. Mais ça ne saurait tarder.
Ce jour-là, il fait un temps magnifique sur le Conflent. Au loin, le massif du Canigó resplendit dans son écrin d’azur. Dans les vergers qui dominent Escaro, les branches de cerisiers ploient sous le poids de jolis fruits grenats. Trop tentant pour ne pas aller effectuer quelques excursions gourmandes.
Panier en osier sous le bras, les filles mènent la marche avec panache. Jupes plissées et chevelures au vent. Mèches rebelles, les gars suivent en riant. Chemises blanches faussement débraillées. On s’esclaffe. On pouffe. On se chambre. On se roule dans l’herbe. Parfois, un tendre baiser volé vient même pimenter l’escapade dominicale.
« Eh Oh : on ne va pas redescendre au village sans avoir immortalisé ça », lâche d’un ton enjoué le photographe du groupe. Doté d’un réel sens de la mise en scène, il fait aligner tout le monde face au Canigó et intime l’ordre à de croquer à belles dents dans les bigarreaux bigarrés.
« Attention : on ne bouge plus et on crie tous ensemble Ouistiti ».
📸 Photo © Collection particulière Francis Parent / Association Mémoire de la mine.