🧐 Oscar Robles, l’un des adhérents de l’association Mémoire de la mine, compile depuis plusieurs années des données techniques et historiques ayant non seulement trait à l’activité minière d’Escaro-Aytua, mais aussi, plus largement, à tout ce qui touche à la vie économique et sociale du village. En témoigne, le passionnant travail de recherche qu’il a notamment réalisé sur l’histoire des écoles communales, fruit d’une somme très instructive d’archives provenant de délibérations de conseils municipaux étalés sur plus de 150 ans.
🫵🏻 On y apprend ainsi, qu’en mai 1856, le curé du village s’émeut dans un courrier adressé à l’évêque d’une instruction déficiente. "Les instituteurs n’ayant fait que passer" en raison de "revenus insuffisants pour vivre", commente-t-il un brin dépité. Et notre curé de préconiser, pour y remédier, d’une intervention de sa hiérarchie auprès du préfet afin que Mlle Moné, institutrice à Sahorre, "capable et aux moeurs irréprochables, puisse venir enseigner à Escaro". L’homme d’église insiste. Argument imparable à l’appui. "Pouvant vivre au sein de sa famille, elle aura besoin de moins de revenus ".
▶️ Il faudra attendre 1888, soit six ans après l’approbation des lois dites Jules Ferry, pour qu’un projet d’Ecole-mairie voit le jour à Escaro. Les enfants, à l’époque, portaient des blouses noires boutonnées dans le dos, des espadrilles en été et des sabots en hiver. Le préau de l’école se trouvait en sous-sol et servait de salle de danse pour la Saint-Martin, fête du village, en cas de mauvais temps. Le premier étage était partagé entre la mairie proprement dite et une classe pouvant accueillir 30 élèves. Le second étage étant plus spécifiquement dédié aux appartements de l’enseignant.
📝 Au gré des dates et des comptes-rendus compilés dans les registres, on découvre également que furent créées des classes enfantines destinées aux enfants de moins de six ans. Lesquels étaient souvent regroupés dans des maisons louées par la commune auprès de particuliers.
En 1910, l’école mixte compte 68 élèves de 6 à 13 ans. Chiffre qui pouvait atteindre 75 à 80 lorsque l’exploitation minière devint plus régulière. Ils ne seront plus qu’une petite quarantaine en 1951.
En 1941, le conseil municipal fait la demande de la création d’un poste d’enseignant pour le hameau d’Aytua qui compte alors 14 élèves.
⚠️ C’est au cours de l’année scolaire 1956-1957 qu’apparaissent les premiers désordres miniers sur la façade de l’école-mairie d’Escaro. La rentrée de 58 se fait dans un local de la société Denain-Anzin. En mars 1959, la commune exige de l’exploitant minier une indemnité de 14 millions de francs pour la construction d’une nouvelle école. L’ancienne lui sera vendue avec le terrain.
😥 En mai 1970, une lettre de l’inspecteur d’académie prenant acte du nombre insuffisant d’élèves décrète la fermeture de la classe unique d’Escaro. Les deux derniers écoliers d’Escaro seront désormais scolarisés à Sahorre.
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📸 L’ancienne école-mairie, la veille de sa destruction en 1984. Victime de désordres miniers imputables à l’exploitation de la mine à ciel ouvert de fluorine, elle était abandonnée depuis la fin des années cinquante. Photo © Marcel Batlle / Collection particulière Oscar Robles / Association Mémoire de la mine