L’avènement de la révolution industrielle au XIXe siècle a fait basculer l’exploitation des mines du Conflent dans une toute autre dimension. Beaucoup moins artisanale et nettement plus technique.
🏗 Sous la Troisième République, la mécanisation se généralise rapidement dans les concessions d’Aytua et d’Escaro. Les forêts se hérissent de pylônes destinés à soutenir des câbles de wagonnets aériens. Les sous-bois sont parsemés de plans inclinés. Des voies de chemin de fer sillonnent les replats.
💶 Il faut produire. Vite. Beaucoup. A moindre coût. Pas facile, néanmoins, lorsque les galeries de mines sont disséminées en pleine montage. Parfois jusqu’à 1200 ou 1500 m d’altitude. La roche qu’il faut attaquer manuellement, au pic et à la barre à mine, est la plupart du temps extrêmement dure.
😓 L’avancée en front de taille n’en est que plus pénible et laborieuse.
🧨 Certes, la dynamite vient juste d’être inventée par Nobel. Mais du fait de sa cherté et de son instabilité son utilisation n’est pas encore généralisée dans les mines. Il faut donc rivaliser d’ingéniosité pour trouver des solutions alternatives. Aussi loufoques soient-elles. A l’image de ce schéma d’une machine dite « perforatrice », décrite par un fonctionnaire de la préfecture des Pyrénées-Orientales dans un rapport faisant suite à sa visite des mines d’Escaro-sud, effectuée, en avril 1875, en compagnie du concessionnaire Sharpe fils et de son chef des travaux, M.Cortès.
📝 Avec force détails techniques le rédacteur s’échine à en expliquer le fonctionnement. Mais en des termes abscons. Voir même naïfs. Il y est question de fleuret, de mèche en acier, de vis sans fin, de manivelle, d’une boite mystérieuse qui peut se mouvoir à l’aide d’une douille, d’une vis manœuvrée par une clavette et même d’une roue « folle » (sic).
Bref, à en croire le croquis qui appuie le propos, la fameuse machine perforatrice ne ressemble, ni plus ni moins, qu’à une chignole géante. Efficace sans doute pour creuser des trous dans la terre meuble. Mais en aucun cas probant pour attaquer une roche solide.
📚 Outre cette unique évocation, les archives et témoignages en notre possession au musée ne font d’ailleurs nullement allusion à cette machine en d’autres occasions. « On n’avait encore fait que commencer les expériences, en sorte que je ne puis encore rien dire sur le résultat pratique obtenu », conclut le fonctionnaire zélé. Il aurait pu commencer par ça !
Car tout porte en effet à attester que l’engin en question n’a jamais dépassé le simple stade de prototype…
⚠️ Nous vous rappelons que le musée de la mine d’Escaro est ouvert ce week-end pour la dernière fois de la saison, de 15h à 18h. Il rouvrira ses portes en mai 2023. Il reste néanmoins possible de le visiter ou d’effectuer des randonnées accompagnées sur site minier pour les groupes d’au moins dix personnes. Sur réservation uniquement.
✏️ Document iconographique © Archives des Pyrénées-Orientales